Elle m’avait foudroyé un après midi d’automne. C’était lors d’une installation sur la mémoire des Kurdes de Syrie. Depuis, je suis devenue accro ! Accro. à son « Art ».

Khadija Baker crée ses œuvres en s’écorchant le corps et l’âme. On ne sort jamais indemne en quittant ses œuvres .

À cette première rencontre, il y’a prêt de cinq ans, son installation s’intitulait « Derrière les murs ». Je me suis promené entre l’ombre et la lumière de cette tente tissée de haillons par l’artiste comme le font si bien les femmes Kurdes.
La lumière puis l’ombre et finalement la noirceur pour nous faire vivre cette mémoire qu’on a voulut effacer des Kurdes des frontières Syriennes. Même les noms des villages inscrit sur de l’argile changeront en arabe au fur et à mesure qu’on s’approchera de la noirceur. Ces noms des villages Kurdes dont les plus vieux se souviennent et que les plus jeunes ne reconnaissent plus. L’installation était aussi hantée par des chuchotements de réfugiés Kurdes recueillit d’un peu partout dans le monde. Seulement des chuchotement car même en exile il y’a encore cette peur d’être identifié. Des témoignages recueillit discrètement comme pour témoigner de ce génocide de la mémoire.

Les tactiques du régime baassiste de Syrie pour effacer la mémoire des Kurdes des frontières Syriennes ont été sans pitié. Il fallait bien sécuriser ses frontières contre les mouvements autonomistes Kurde et garder ces terres agricoles fertiles et riches en pétrole. Plus de 800.000 kurdes de cette région sont expropriés depuis 1945 et se retrouvent sans identité, apatrides.
Khadidja est une des ressortissante de cette région.

Lors de cette installation, je ne pouvais m’empêchait de penser à la Kabylie, à l’arabisation obligatoire qui avait commencé avec ma génération. Ma langue maternelle que nous devions taire en classe de peur de nous faire renvoyer de l’école. À mes parents devenu étrangers dans leur propres pays car ils ne parlaient pas cette langue imposée ! Il faut dire que le gouvernement algérien s’est bien inspiré du régime baasiste pour s’essayer d’effacer la langue Kabylie.

Ce que le monde arabe ne réalise pas, c’est qu’en essayant d’effacer des langues et des cultures ils crée des Aylan Kurdi, des Khadidja Baker, des Nadia Zouaoui et plein d’autres beaux fantômes qui hanteront leur rêves de grandes nation arabe construite sur le cauchemar des minorités et de leurs autochtones.

Depuis, Entre Khadija et moi s’est alors crée un lien sacré, elle est d’ailleurs devenue une grande amie. Et j’ai « religieusement » suivi l’Art de cette femme qui me fascine par son courage et sa sensibilité.

Dix ans d’immigration plus tard, Khadija Baker est devenue bien plus qu’une artiste Kurde. Elle est devenue la voix de ceux qui n’en ont pas. Alors se sont rajouté à ses œuvres tous les écorchés des guerres civiles qui croient fuirent l’horreur en immigrant mais qui finissent par faire des ménages forcé avec leurs butin d’angoisses.

Voilà, je voulais vous faire connaître Khadija à travers ce reportage que j’ai fait sur elle. Ce jour là, l’artiste créait un memoriam pour les victimes des guerres civiles.
Il y’avait de la glace pour préserver …de l’encre indélébile pour garder la trace et des bouts de linceul …et tous ces gens qui venaient pour donner les noms des êtres chers perdus dans des guerres civiles qu’ils ont fuit … Il y’en avait d’Algérie, du Rwanda, de Bosnie, de Syrie ….

Khadija m’avait dit un jour qu’elle voulait aller au-delà du journalisme qui nous rapporte que des faits ; elle, elle veut nous faire vivre la douleur des victimes des guerres civiles.

Moi je dis que l’Art de Khadidja Baker est un acte de violence contre l’amnésie des mémoires! Pour que les petits Aylan de ce monde restent une leçon pour notre humanité échouée sur les rives de la haine, du nationalisme et des guerres stupides !

Je vous invite aussi a vous échouer sur le site de Khadidja Baker …il en vaut la peine!

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