Enfermées entre les quatre murs d’une chambre glauque, des jeunes filles s’ennuient à mourir. Leur cité universitaire n’offre aucune distraction et dehors, leur société misogyne se dresse comme un chien enragé plein de bave prêt à déchiqueter leurs corps interdits !
Pour échapper à cette mal-vie, elles ont vidé quelques bières clandestines. Elles se sont lâchées le temps d’un enivrement à huis-clos. Elles ont rigolé, raconté leurs fantasmes et crié leurs ras-le-bol, leurs frustrations de leur société qui les réduit à leur corps et cet honneur qui leur pèse et les lèse. Elles ont osé dire des gros mots en kabyle comme « pénis » et « baise », ce qui rend ces mots encore plus « obscènes » tellement le tabou de les prononcer par des femmes est inimaginable.

Au début, elles m’avaient fait rire car je joue aussi à ce jeu avec ma mère quand elle m’appelle et que je lui dis en Kabyle pour l’énerver : «Je suis au bar et je bois de l’alcool (Aklayin gualbar tessough chrave) ». Elle me répond énervée : « Akmidez 3azrayen gath3ar3arth » (Dieux va t’écraser sur le plancher le jour de ta mort) et on en rigole ! Mais la portée de mes mots n’est pas la même car je suis au Canada et qu’ici on peut aller au bar en famille regarder un match de hockey ou de foot et même y boire du lait alors que chez nous les bars sont des endroits de souleries et de prostitution ou les femmes « bien » n’y vont pas !
Les «prostituées » qu’on entasse dans ces bars qu’on fait passer pour des « serveuses » habillées de lingerie aguichante made in China, car il faut bien les « hallaliser », sont aussi à la portée des clients qui en font ce qu’ils veulent dans les chambres faites pour ça …mais ça « les boys club » de chez nous n’aiment pas mettre des mots sur leurs « bordels ». Il faut dire que les hommes de chez nous s’énervent facilement quand ont dénonce leurs « huis-clos malsain » comme tous les Weinstein de ce monde d’ailleurs.
Il y a même un homme dans mon village qui menace de divorcer sa femme si elle parle des maladies transmises sexuellement qu’il lui a offert en cadeau de Saint-Valentin. Une femme bien est celle qui cache les défauts de son mari même quand ça l’a tue à petit feu !

Comment je sais tout ça ? Et bien j’essayais d’acheter des photos des bars en Algérie pour mon dernier film et un photographe m’avait tout avoué …il a fini en me disant : « de toute façon les épouses ne savent pas ce qui se passe dans les bars » …oups ce n’était pas tombé dans l’oreille d’une sourde …mais dans l’oreille d’une féministe à l’écoute!

Voilà, ça c’est une parenthèse pour vous mettre en contexte du huit-clos de l’horreur dans lequel vivent nos femmes.

Revenant à nos jeunes filles ; elles étaient en nuisettes ou en pyjamas, elles ont frôlé quelques pas de danse, chanté à tue tête, puis retombées sur leur lits tellement elles étaient soûles et drôles. Elles étaient belles, souriantes et pleines de vie …même le bromure, ce sédatif des tentations qu’on injecte dans la nourriture des lycéennes et des universitaires en Algérie n’a pu contenir leurs pulsions, leur sensualité débordante et leur envie de vivre.

Ce petit moment d’ivresse nos jeunes filles le paieront très cher. Cette vidéo s’est retrouvée sur le net car un copain n’était pas content de voir sa dulcinée avoir autant de plaisir.

Les gueules malfamées et hirsutes qui ne savent plus quoi faire de leurs couilles ont déversé leur venin, même les psedo-démocrates ont jugé, condamnés, menacé, crié au code de l’honneur qu’ils placent entre les jambes des femmes alors qu’ils ont égaré le leur depuis des siècles !

Cette vidéo dérange tellement car pendant trop longtemps les hommes du monde arabo-berbero-musulman avaient classé les femmes dans deux catégories distinctes. « Les putes et les filles de bonne famille. » Entre les deux, ils ne veulent pas voir les « Papichas » de ce monde qui aiment la vie, qui s’amusent, qui s’assument et qui ne vendent pas leur corps pour autant!

Tout ça déboulonne un classement atavique et simpliste qui déstabilise encore plus leurs insécurités maladives ! Moi je pense sérieusement qu’il faudra inventer des poupées gonflables vierges pour satisfaire les insécures qui veulent « façonner les filles sur leurs mains » Comme le dit le proverbe algérien (Rabiha 3la yedik).

Tristement cette vidéo a détruit des vies dans ce pays ou la réputation d’une fille est plus importante que sa propre vie. On dit qu’une des filles s’est donné la mort … d’autres parents menacent de tuer leurs filles ! D’autres veulent retirer leurs filles des cités universitaires « lieu de débauche » selon les jugements des gueules hirsutes !

En ce 8 mars 2020, les qu’en-dira-t-on tuent encore plus que les pierres des lapidations des talibans.
Ce 8 mars doit être une occasion pour s’organiser pour une véritable révolution féministe dans le monde arabo- musulman …et nous n’avons pas besoin de la permission des hommes, des religieux et des femmes formatées par les hommes pour la faire …nous sommes assez nombreuses et nombreux et assez consciencieuses du mal du patriarcal pour agir !

PS. Le Hirak sans la révolution féministe n’est pas une révolution!

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